Le papier peint
Il est là, partout, collé à nos murs, silencieux et pourtant oppressant, s’accrochant à son support avec une teigne semblable à celle de l’huître sur son rocher, à la puce sur son chien, à l’écureuil sur son gland. Mais que savons-nous vraiment du papier peint ? Peint est-il adjectif ou verbe ? Peut-on oser dire que le papier peint peint ? Complot terroriste ou enquête insensée, les dés sont lancés dans la mare.
Premier point, le papier peint est peint. C’est un fait indiscutable, il représente ou non des motifs imprimés sur du papier, qu’il nous convient de coller sur nos murs favoris. Un peu comme un poster de One Direction que l’on aimerait tellement qu’on déciderait d’en coller des dizaines d’exemplaires à la super glu partout dans sa chambre. Plutôt ridicule, quand on y pense.
Si le papier peint ne représente rien de particulier pour nous, ni de compliqué, mais alors pourquoi ne pas le peindre nous-même, tant qu’on y est ? N’est-il pas concevable d’acheter nous-même cette matière première, qu’est simplement le papier, et de le colorer de notre main ? Une bonne peinture à l’eau, c’est pas la mer à boire. ET TANT QU’ON Y EST, POURQUOI NE PAS PEINDRE LE MUR DIRECTEMENT ON GAGNERA DU TEMPS. Désolé pour l’énervement mais il faut bien dénoncer le scandale économique que nous subissons depuis des décennies, ayant entraîné la mort de centaines de milliers d’arbres innocents, seulement afin d’imposer une surcouche ridicule à la décoration de nos pièces. Et je suis le seul à m’en rendre compte. Qui rendra la vie à l’orang-outan scindé en deux par le passage de la scie circulaire, la gueule fendue et les tripes à l’air ? Personne évidemment, tout le monde regarde avec bêtise son papier peint équestre favori toute la journée, les yeux vitreux, et l’air vide, sans imaginer une seule seconde les conséquences désastreuses de cette activité sur l’écosystème indonésien.
Détachons nous du sujet pour nous concentrer sur le mot papier. Papier contient 6 lettres, dont deux fois ‘P’, la 16ème lettre de l’alphabet latin. En sommant les lettres, on trouve 65. 65 est un nombre.
Une page de papier est dite blanche lorsqu’elle est uniformément vierge et ne comportant aucune irrégularité résultant d’une fuite inattendue de notre imagination flétrie. Composée de fibres végétales et de cellulose elle ravira petits et grands pour diverses activités ludiques. Si on lit au dos d’une feuille blanche, on n’y trouve pas de liste d’ingrédients, et c’est dommage. Évidemment, une page blanche propose de nombreuses possibilités : on peut facilement la transformer en avion, en filtre à café ou en chewing-gum de fortune (salive de bûcheron conseillée).
Le papier, support de consciences millénaire, fut longtemps la seule trace pérenne de notre bref passage sur Terre. C’est alors que dans la Rome antique, Pline l’ancien écrivit « Sutor, ne supra crepidam », dont le sens fait encore aujourd’hui frémir nos écoutilles de par sa véracité. Sacré Pline. Le respect pour le papier s’est donc bel et bien perdu, jadis support sacré, il est devenu décoration d’intérieur, en passant par d’autres usages indescriptiblement indécents.
Ne nous détachons pas du sujet pour nous concentrer sur le mot peint.
La prochaine fois, on abordera enfin un sujet sérieux, un indice et mot de la fin : « Brouette galvanique ».