Pourquoi "L'autre qu'on adorait" de Catherine Cusset m'a profondément marqué

Hier je me suis couché de bonne heure. Comme à mon habitude dans certaine de mes périodes d’insomnie, pesantes comme comme une idée fixe, oppressantes comme l'angoisse de la mort, je lis toute la nuit en attendant patiemment le sommeil. "L’autre qu’on adorait", le nouveau roman de Catherine Cusset (dont la lecture m’a chaudement été recommandée par mon grand ami Poulos) m’a accompagné cette nuit dans ma chambre aux lumières tamisées et embaumée du parfum cannelle de quelques bougies odorantes.
"Une personne n'est pas, comme je l'avais cru, claire et immobile devant nous avec ses qualités, ses défauts, ses projets, ses intentions à notre égard (comme un jardin qu'on regarde, avec toutes ses plates-bandes, à travers une grille), mais une ombre où nous ne pouvons jamais pénétrer, pour laquelle il n’existe pas de connaissance directe, au sujet de quoi nous nous faisons des croyances nombreuses à l’aide de paroles et même d’actions, lesquelles les unes et les autres ne nous donnent que des renseignements insuffisants et d’ailleurs contradictoires, une ombre où nous pouvons tour à tour imaginer avec autant de vraisemblance que brille la haine et l’amour."
Marcel Proust -- A la recherche du temps perdu (Le côté de Guermante)